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Philippe Dazet-Brun

Professeur en histoire contemporaine et conservateur de la bibliothèque universitaire Aimé-Georges Martimort de l’ICT

A l’occasion de la sortie de son livre sur François Mauriac publié aux éditions du Cerf, Mauriac dans l’Église catholique ou la fidélité aux aguets, nous avons rencontré Philippe Dazet-Brun, professeur en histoire contemporaine et conservateur de la bibliothèque universitaire Aimé-Georges Martimort de l’Institut Catholique de Toulouse. Une belle opportunité d’échanger avec notre interlocuteur sur les démocrates-chrétiens et bien sûr d’aborder les dernières évolutions de notre bibliothèque.

 

ICT : Pourquoi avoir écrit un livre sur François Mauriac et en particulier sur sa vision de l’église catholique ?

 

PDB : J’ai toujours été intéressé par les démocrates-chrétiens. J’ai consacré ma thèse à l’un deux, Auguste Champetier de Ribes qui fut député des Basses-Pyrénées et le 1er démocrate-chrétien à devenir ministre. C’était un opposant notoire au nazisme, il vota contre les pleins pouvoirs à Pétain en 1940, ce qu’il lui valut d’être emprisonné sur l’ordre de Laval. Après la guerre, il fut procureur général de la France au procès Nuremberg. L’étude de son positionnement en tant que chrétien dans la vie de la cité m’a passionné. Il était d’ailleurs plutôt mal vu par une partie des catholiques à l’époque car considéré comme un « chrétien de gauche ».

C’est aussi ce qui m’a intéressé chez Mauriac. Je retrouvais le courage de vouloir changer un système qui ne le satisfaisait pas. Mauriac était issu d’une famille bourgeoise et ses positions dans l’Église étaient mal vues. Il a été, à certains moments, aux avant-gardes des contestations.

C’est, pour moi, ces catholiques qui ont fait avancer l’Église. Ils étaient contestataires mais toujours fidèles. L’Église, aux yeux de Mauriac, se devait d’être à l’écoute de son temps sans pour autant se convertir au monde.

NDLR : Philippe Dazet-BRUN profite de cet entretien pour nous annoncer la parution d’un deuxième livre sur Mauriac : « Prier 15 jours avec François Mauriac » aux éditions Nouvelle Cité.

 

ICT : En tant que conservateur de la Bibliothèque Aimé-Georges Martimort, pouvez-vous nous donner quelques nouvelles ?

 

PDB : Je tenais tout d’abord à exprimer ma joie de travailler dans cette bibliothèque. C’est un lieu de grandes grâces à l’ICT. L’équipe avec laquelle je travaille est remarquable, consciencieuse, dévouée au service des lecteurs. Je suis heureux de les connaitre, chacun d’entre eux !

Attention, je ne suis pas dans un optimisme béat. Il y a des difficultés à vivre au quotidien, mais l’équipe est soudée, ce qui nous permet de gérer les problèmes dans une sorte de sérénité.

De nombreux travaux sont à venir pour permettre de sécuriser et de moderniser le bâtiment qui accueille la bibliothèque. Cela génère évidemment des perturbations, du bruit, mais nous adaptons, en fonction des circonstances, le service pour gérer au mieux ces aléas. Mais nous voyons aussi que ces travaux permettront de faire évoluer les espaces, le fonctionnement et la configuration de la BU pour mieux accueillir les usagers et fluidifier la circulation des personnes en situation de handicap. Il y aura aussi à terme du nouveau mobilier de lecture !

Je suis content aussi d’annoncer la reprise du cycle des rencontres d’auteurs. N’hésitez pas à suivre les réseaux sociaux ou l’actualité de notre site internet pour réserver les dates dans vos agendas.

Merci aussi de me donner l’opportunité de rappeler que notre service dédié aux chercheurs est une vraie réussite de ces dernières années. Les chercheurs ont une salle dédiée, une messagerie pour leurs demandes et la possibilité de nous solliciter pour réaliser des prêts dans toutes les bibliothèques en France et à l’étranger. Il y a aussi une aide méthodologique et des rendez-vous individualisés pour accompagner les doctorants dans leurs recherches documentaires. Le portail HAL permet à nos chercheurs de déposer numériquement leurs travaux dans un cadre légal bien défini.

Et enfin notre bibliothèque fait régulièrement la promotion des livres et ouvrages publiés par nos chercheurs.

 

ICT : En tant que professeur en histoire contemporaine, quel est votre regard sur les étudiants actuels ?

 

PDB : Il y a beaucoup à dire, mais j’insisterai sur deux points qui sont, à mes yeux, majeurs pour chaque étudiant. La culture générale et la maitrise parfaite du français. Je suis un défenseur résolu de notre langue y compris dans ce qu’elle a d’académique. L’Académie française a raison de s’alarmer de l’altération du français par l’apport inconsidéré d’anglicismes. Il y a là un phénomène de capitulation, de paresse mentale, de manque d’inventivité qui ne correspond pas à ce qu’est l’esprit français.

Celui qui s’exprime correctement aura plus de facilité à entrer dans le monde professionnel.

Ce sont des valeurs fortes à l’ICT.

NDLR : Philippe Dazet-Brun est secrétaire perpétuel de l’Académie des Jeux floraux (XXXIVe fauteuil).

L’Académie des Jeux Floraux encourage la création poétique sous toutes ses formes, en français et en langue d’oc, spécialement dans l’univers francophone. Elle s’attache particulièrement à la promotion des jeunes poètes dans le milieu scolaire et universitaire.

L’Académie s’efforce également de favoriser la création littéraire et la diffusion de la culture, notamment par ses lectures et ses conférences publiques.

 

Celui qui s’exprime correctement aura plus de facilité à entrer dans le monde professionnel.

Philippe Dazet-Brun - professeur en histoire contemporaine
Formation
Lettres / Sciences humaines
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Institut Catholique de Toulouse
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