La story

Le père Xavier Ngandoul est originaire du sud du Sénégal à Ziguinchor et a été ordonné en 1994. Il a récemment fêté ses 25 ans d’ordination et revient sur son parcours jusqu’à sa thèse en théologie Morale brillamment réussie le 2 septembre dernier à Toulouse.

Enfant, Xavier Ngandoul allait dans une école gérée par des religieuses françaises. Un beau jour, une religieuse l’interpelle alors qu’il était dans la cour pour lui demander de faire ses devoirs. Il ne sut que plus tard qu’il s’agissait de l’examen d’entrée au petit séminaire. C’est ainsi que le père Xavier nous raconte son entrée « par hasard » au petit séminaire où il effectuera toute sa scolarité. C’est plus tard, après le bac, qu’il ressent un appel à la prêtrise. Dès l’ordination, son évêque l’affecte au petit séminaire pour être professeur de français et de latin. Humblement, il accomplit sa mission de formation et s’occupe en parallèle de la communication du diocèse incluant une émission radio. Après 10 années en paroisse son évêque lui demande de tout quitter pour passer son master en théologie à l’université catholique d’Abidjan « pour les besoins du séminaire ». Il accepte, réussi son diplôme et alors qu’il compte revenir au Sénégal son évêque l’appelle une nouvelle fois à se surpasser en réalisant sa thèse en théologie morale « pour les besoins du séminaire » et le bien de l’Eglise.

Attachée à la Région Occitanie notamment grâce à des liens tissés avec une famille Audoise, le père Xavier intègre l’ICT, en accord avec les évêques des deux diocèses. Il restera alors 4 ans, à plein temps au service de la paroisse de Castelnaudary pour travailler sa thèse sous la direction du père Tanguy Marie Pouliquen

Il revient sur sa thèse et nous raconte ce lien si particulier noué avec son directeur. Cela lui a permis lors de longues discussions d’identifier son sujet de thèse. Il se souvient de l’accompagnement dont il a bénéficié et qui a été décisif dans la réussite de son projet . Il se rappelle de nombreux échanges très fraternels, avec un profond respect et une grande bonté.

La thèse est un long chemin solitaire ou le doctorant doit produire, à force de travail et de persévérance, sans jamais se décourager, sans tomber dans la routine ou l’habitude. Et lorsque la solution ne vient pas, il prend l’habitude d’expliquer son questionnement à un voisin, une grand-mère ou un commerçant. Dans cet exercice de simplification qu’il s’impose, il trouve généralement la clé d’une question sans réponse.

Son sujet de thèse : « Mystique de I ‘engagement au service du bien commun », Le personnalisme de Mounier comme chemin de la transcendance et ferment d’humanisation à la lumière de l’enseignement social de l’Église.

Ou comment traduire le concept philosophique de l’engagement au service du bien commun en terme théologique. Ré-enchanter un certain engagement en vue de bâtir une société plus juste, plus fraternelle, plus solidaire, moins uniquement tournée vers les biens de consommation, mais vers le bien commun en mettant l’homme au centre de toute aspiration.

Il se plaît à rappeler que le  « spectaculaire vient de l’infime, dans les toutes petites choses du quotidien où sans s’en rendre compte on participe au bien commun, on rend compte de la bonne odeur du Christ. »

Il aura la chance aussi, grâce au père Gregory Woimbée, vice-recteur à la recherche, de rencontrer la chaire Jean Rhodain qui développe des projets de recherche dans le domaine de l’éthique sociale, appuyant sa démarche sur les grands principes et intuitions de l’enseignement social de l’Eglise. Il en est maintenant membre à part entière.

Le père Xavier a réussi sa thèse avec la plus haute distinction « summa cum laude », qui vient récompenser la qualité de sa recherche et de sa thèse. Cette distinction peut l’amener à être appelé à des responsabilités plus importantes dans le futur mais il tient à nous rappeler qu’il reste évidemment dans l’obéissance de son évêque. Il est heureux de revenir enfin au petit séminaire de son diocèse pour enseigner et accompagner les jeunes dans une période majeure de leur développement, entre 12 et 16 ans.

« Cette thèse me donne maintenant une autre lecture de la vie, de l’engagement, elle a changé mon langage et m’aide dans la réalisation de mes homélies. Et j’ai maintenant les outils pour accompagner ces jeunes, comme si c’était mes propres enfants, avec rigueur et plein d’amour. »

En conclusion de notre interview, le père Xavier donne ces quelques conseils aux doctorants de l’ICT : « Gardez votre cap en toute humilité, acceptez d’apprendre des autres, même dans les situations les plus banales ».