La fresque ornant la salle Léon XIII, intitulée « Le triomphe de la Vierge couronnée par Dieu le Père, présentant au monde son fils crucifié », est l’œuvre de l’artiste Marcel-Lenoir, athée convaincu fasciné par l’art chrétien.

L’œuvre d’un athée

Commandée en 1920 à l’artiste Jules Oury, dit Marcel-Lenoir, par le professeur Camille Soula, qui connaissait les murs vides de cette salle de pas perdus, la fresque a été exécutée en 1922-1923, au prix de dix-huit mois de travail acharné.

Marcel-Lenoir avait préparé son travail en 1921, en crayonnant de nombreux portraits et en multipliant les esquisses. Parti du préraphaélisme anglais, influencé ensuite par l’impressionnisme, le fauvisme et le cubisme, Marcel-Lenoir était arrivé très tôt à un style extrêmement personnel, en dessin comme en peinture. Se déclarant résolument athée, il était, cependant, impressionné par l’inspiration sublime de l’art chrétien.

Une fresque à la gloire de la Vierge

Cette vaste composition de 16,30 m de long (soit 63 m²) est divisée en parties nettement délimitées dans leurs masses et leurs oppositions. Formant un groupe puissant au centre, la Vierge, tenant l’Enfant Jésus les bras en croix, est couronnée par Dieu dont on n’aperçoit que les mains et l’épaule droite – la tête, siège de la pensée suprême, se perdant dans la lumière. Participent au même groupe, Marie-Madeleine et Marie Salomé à gauche, saint Jean à droite.

Au-dessus, de grands anges, formant une voûte, jouent de la trompette. De part et d’autre, dans des tonalités claires, chante une chorale d’enfants de chœur rappelant ceux de Luca della Robbia ; ils ont les traits des orphelins hébergés alors à l’Institut Catholique. Au-dessous, se déroule une ronde de petits anges, réunis sous un édicule. Autour de ce groupe central, les douze apôtres sont représentés en deux groupes. Les vêtements de deux d’entre eux sont singulièrement traversés par des colonnes : ce pourraient être saint Pierre et saint Paul, ainsi figurés comme les deux « piliers » de l’Eglise.

Cet ensemble est représenté sur une masse nuageuse, « sphère céleste » sans doute, qui se détache des deux extrémités, où, dans une transparence harmonieuse, se livre la terre des hommes en train d’accomplir leurs travaux. Une foule d’entre eux cependant vient saluer l’événement inouï : à gauche, jeunes gens armés, groupés autour d’un cavalier, apportant l’hommage de la puissance laïque ; à droite, procession de prêtres sortant d’une arche et symbolisant l’Église.

Des personnages aux figures familières

La plupart des personnages figurant sur cette fresque sont des portraits de personnalités de la ville ou de familiers du peintre. Le prêtre en tête de procession a les traits de Monseigneur Breton qui présidait alors aux destinées de l’Institut Catholique. Marcel-Lenoir, en compagnie de sa femme et de son fils, s’est représenté assis sur le toit de l’édicule à gauche.

En raison de son intérêt historique et artistique, la fresque de Marcel-Lenoir est inscrite, depuis le 13 février 1996, sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.